un parapluie

 

un écran

 

un aquarium

Lumière(s)


2013

C’est en lisant les ouvrages de philo- sophes, de peintres et de directeurs de photographie que je me suis intéressé à l’idée d’un langage de la lumière. Goethe, Johannes Itten et Henri Alekan ont en commun de traiter des différents niveaux d’interprétation des formes et des couleurs et de l’impact physio- logique et psychologique qu’elles ont sur nous. Les pièces réalisées pour Lumière(s) mettent en exergue ce dialogue. Chacune est une expérimentation de ce langage, des différents niveaux d’interprétation que l’on peut percevoir face à une lumière donnée. Toutes pré- sentent la lumière en privilégiant soit l’interprétation primordiale soit l’interprétation raisonnée.

La lumière a une forme d’ex- pression immédiate, primordiale. Chacun est à la fois producteur et récepteur de cette lumière en permanence. Elle pénètre les êtres à travers les yeux, la peau, et émane de l’imaginaire et du subconscient. Elle prend vie à l’extérieur autant qu’à l’intérieur de soi et nous y sommes permé- ables dans les deux sens. Il existe une dimension universelle à cette lumière, une compréhension qui touche chaque être vivant de la même manière. Par elle préexiste un langage qui ne passe par aucun décodage intellectuel. On peut dès lors tenter d’exprimer les ressentis primitifs de l’être, de les ramener à un point où on peut à nouveau se souvenir qu’ils existent. Il s’agit d’être littéralement traversé par la lumière – comme on est figurati- vement traversé par un sentiment – et rendre l’intérieur de soi permé- able en se servant de la lumière comme médium.

La lumière s’exprime aussi dans une dimension intellectuelle, culturelle. Cette partie du langage existe en tant qu’objet qui produit la lumière et qu’objet produit par elle. On peut tenter d’exprimer des idées plus précises qui sont dépendantes de la culture et du raisonnement. Cette lumière-là crée une division entre l’objet et le regard. Nous passons le plus clair de notre temps dans ce mode de perception.

En juxtaposant ces deux niveaux et en leur donnant plus ou moins d’importance, j’explore la coexistence du raisonnement et du ressenti. Un parapluie, un écran, un aquarium interrogent la possibilité d’un langage qui les transcenderait et serait propre à la lumière.

un parapluie
Un parapluie équipé d’une ampoule. La lumière modifie la perception de l’objet et s’efface derrière la matière pour se dévoiler dans une expression immédiate.

un écran
L’image d’un téléviseur est altérée par un filtre. Fragmentée en formes géométriques de couleurs unies qui changent aléatoirement, elle donne un sens fugitif à la lumière qu’elle produit.

un aquarium
Une ampoule plongée dans l’eau produit des ondes de lumière dont le mouvement est généré par une pluie artificielle. A travers le filtre de l’eau, la lumière devient l’objet et se matérialise pour livrer
une expression graphique d’un ressenti primordial.

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Crédits

Concept Jonathan O’Hear
Construction et réalisation Martin Rautenstrauch, Jonathan O’Hear
Production Neopost Foofwa
Neopost Foofwa bénéficie d’un soutien conjoint de la Ville de Genève, de l’Etat de Genève et de Pro Helvetia.