Beatriz Consuelo

Photo: Beatriz Consuelo et Rudolph Nureev dans l’«Oiseau bleu», 1961,
© Michel Petit. SAPA, Fonds Beatriz Consuelo.

DEMANDE D’INHUMATION AU CIMETIÈRE DES ROIS – LETTRE AU CONSEIL ADMINISTRATIF DE LA VILLE DE GENÈVE:

Chères et chers membres de l’exécutif de la Ville de Genève,

Le 7 mars 2013, ma mère, Beatriz Consuelo, étoile de la danse internationale et pédagogue de renom, ayant vécu ses dernières 50 années à Genève, est morte. Elle avait décidé à l’avance des modalités pour sa cérémonie et du fait d’être incinérée. Mais elle n’avait pas fait de choix définitif quant au lieu du repos de ses cendres. Elles sont gardées pour l’instant chez Mürith Pompes Funèbres, dans le quartier de Plainpalais, en attente de trouver un lieu idéal.

Ceci est le sujet de mon courrier, vous demander que cette étoile de la danse et de la pédagogie puisse trouver son repos au Cimetière des Rois, à quelques pas (de danse) des locaux de la Coulouvrenière où elle a formé tant de personnalités de la danse: Patrice Delay, Prisca Harsch, Yann Aubert, Anja Schmidt, Gilles Jobin et moi-même, pour ne citer que celles et ceux qui sont revenu-es à Genève.

Cette requête vient plus de 8 ans après sa mort, pour différentes raisons. J’espère néanmoins que ce délai n’influera pas négativement sur votre considération. Sachez aussi que je suis son enfant unique et seul héritier. C’est donc moi qui me suis occupé de toutes les démarches à la suite de son décès.

Née à Porte Alegre au Brésil, Beatriz Consuelo devient première danseuse à Rio à l’âge de 18 ans. Actrice de cinéma à Sāo Paolo pendant quelques années — elle joue le rôle principal dans le premier film en couleur du Brésil — elle doit choisir entre deux carrières prometteuses. Suivant son instinct, elle décide finalement de rejoindre le Grand Ballet du Marquis de Cuevas en 1951: nommée danseuse étoile dès 1956, elle est la première partenaire sur les scènes occidentales du grand Rudolf Noureev après sa défection de l’URSS. Plus tard, elle devient l’étoile phare de l’Opéra de Bordeaux et la partenaire principale de Georges Golovine, le nouveau directeur au Grand Théâtre de Genève dès 1964.

En 1968, Georges Balanchine, chorégraphe russe qui a fondé le prestigieux New York City Ballet devient le directeur artistique du Ballet du Grand Théâtre de Genève et décide de fonder une école de danse pour le Ballet de l’institution de la Place Neuve. Beatriz Consuelo devient sa co-directrice et en 1974, elle la reprend entièrement à son compte. C’est ainsi que ses deux créations, l’Ecole de Danse de Genève et, plus tard, le Ballet Junior, deviennent une référence pédagogique européenne.

Si tant d’élèves sorti-es de son école pour mener des carrières internationales, ont pris des voies et des styles variés, sont devenu-es interprètes de référence ou créateurices eux-les mêmes, c’est parce que l’enseignement de ma mère a su allier rigueur classique, amour du mouvement et du rythme, créativité, en laissant toujours à la personnalité de chacun-e de briller.

Le 15 mai 2003, la Ville de Genève remet son Prix quadriennal des arts de la scène à Beatriz Consuelo. « Ce signe tangible de reconnaissance couronne une carrière accomplie en grande partie dans la métropole lémanique » écrit Benjamin Chaix dans sa biographie sur ma mère, « Née sous une bonne étoile », publiée en 2004 chez Slatkine. Accepter que ses cendres reposent au Cimetière des Rois serait la suite logique de cette reconnaissance.

Chères et chers membres du Conseil administratif, je vous remercie de votre attention et vous souhaite le meilleur, en espérant que vous acceptiez que les cendres de ma mère trouvent bientôt une place dans le Cimetière des Rois.

Foofwa d’Imobilité, alias Frédéric Gafner, fils et héritier de Beatriz Consuelo.

PAGE WIKIPEDIA BEATRIZ CONSUELO:

Beatriz Consuelo est une danseuse brésilienne née en 1931 à Porto Alegre et morte en 2013 à Genève. Elle est la mère de Frédéric Gafner, dit « Foofwa d’Imobilité ».

Première danseuse au Théâtre municipal de Rio de Janeiro en 1947, elle entre au Grand Ballet du Marquis de Cuevas en 1953, où elle devient étoile en 1959.

Elle travaille avec Bronislava Nijinska, John Taras, Félia Doubrovska et Edward Caton.

Elle danse entre autres avec Serge Golovine (Casse-noisette, 1958 et La Somnambule, 1959). Lorsque le marquis dissout la troupe en 1962, elle rejoint le Grand Théâtre de Bordeaux puis, en 1964, Serge Golovine l’invite au Ballet du Grand Théâtre de Genève.

Elle poursuit sa carrière de danseuse jusqu’à la naissance de son fils en 1969 et s’oriente ensuite vers la pédagogie.

L’école de danse du Grand Théâtre de Genève, fondée en 1969, devient autonome en 1975 et elle la dirige sous le nom d’École de danse de Genève (1975-1999).

En 1980, elle fonde le Ballet Junior qui sert de tremplin à de jeunes talents. Par ailleurs, elle est professeur au Prix de Lausanne, (1979-1982), membre du jury du Concours international de chorégraphie de Nyon (1975-1982) et du sixième Tournoi eurovision des Jeunes danseurs à Lausanne (1995). Elle enseigne aussi la danse au Conservatoire de musique de Lyon (1992-1993).

Elle reçoit de nombreuses distinctions, dont l’ordre du mérite Carlos Gomes en 1956. En 1975, elle devient Grand Membre de l’ordre de Rio Branco pour l’ensemble de sa carrière. Elle se voit décerner le prix de la Ville de Genève 2003, dans la catégorie arts de la scène.

AUTRES RÉFÉRENCES:

https://www.letemps.ch/culture/beatriz-consuelo-une-vie-danse

https://www.tdg.ch/societe/histoire/1947-beatriz-consuelo-quitte-porto-alegre/story/25811377