Dancewalk

Dancewalk, c’est la danse en voyage, partout dans le monde. Une inscription géographique du corps et de la danse, une activité où la marche devient danse, où la danse avance toujours, sur plusieurs kilomètres et pendant plusieurs heures, à travers une ville ou un paysage. La Dancewalk est performée par Foofwa depuis 2015 dans différents lieux et dans divers contextes, parfois avec d’autres danseurs professionnels, ou encore en compagnie des participants des ateliers et avec la précieuse collaboration de musiciens locaux. Pour Foofwa d’Imobilité, dancewalker est un défi à l’esthétique normative de la danse dans ses dimensions kinesthésiques, chorégraphiques et conceptuelles. Au niveau du mouvement, la Dancewalk invente une nouvelle coordination kinesthésique alliant la marche et la danse ; elle pense la danse de manière autant qualitative que quantitative ; elle est une ouverture à toutes sortes de mouvements (ceux de la dynamique et de la puissance autant que ceux de la vulnérabilité et de la fatigue). Elle émane d’un entraînement extrême (qui se prépare pour un spectacle en dansant 100 ou 200 kilomètres ?), mais est actuée, au moment de la performance, par une écoute sensible des énergies et désirs du corps-esprit en interaction avec le contexte et l’environnement. Au niveau chorégraphique, la Dancewalk peut être considérée comme une redéfinition de la performance dans ses termes artistiques autant qu’athlétiques ; mais aussi comme une métaphore de l’inscription de notre destinée (« le chemin du cours de notre vie »). En outre, elle inscrit la danse de manière géographique: on peut lire par exemple ses déplacements chorégraphiques grâce à un enregistrement GPS sur une carte. Au niveau conceptuel, la Dancewalk réalise une nouvelle relation chorégraphique à la durée et à l’espace, en les étirant à l’extrême. Car elle considère le temps en termes de plusieurs, voire des dizaines, d’heures et pense l’espace en termes de distances en dizaines, voire centaines, de kilomètres. La Dancewalk interagit avec le monde et la réalité dans une perméabilité rarement possible en danse ou sur scène, avec un « décor » défilant et changeant sans cesse ; des centaines (parfois des milliers) de spectateurs, soit avertis soit accidentels ; des dialogues réels avec les choses et les gens ; une relation immédiate avec l’imprévisibilité de la vie. En 2017, les Dancewalks sont devenues plus sociales, plus politiques. En dialoguant étroitement avec les organisateurs, Foofwa prépare soigneusement et adapte sensiblement certaines Dancewalks à la ville, à ses habitants, au contexte où elles se déroulent. Il collabore avec des musiciens locaux. Sur place, il donne des ateliers de Dancewalk à toute personne curieuse, et les invite ensuite à le rejoindre lors de la performance. Le côté festif et libératoire de la Dancewalk ressort plus fortement. Les frontières entre art et réalité sont floutées. Les rôles du performer et celui du spectateur se voient chamboulés. Pour les années à venir, en collaboration avec les structures et les partenaires locaux à travers le monde, Foofwa veut créer des Dancewalk d’envergure ayant une identité propre.