Danseur, performeur, chorégraphe, pédagogue de danse
Foofwa d’Imobilité est né Frédéric Gafner en 1969 à Genève de deux parents danseurs classiques. Il a été formé par sa mère, Beatriz Consuelo, à l’Ecole de danse de Genève et au Ballet Junior jusqu’en 1987. Enfant puis adolescent, il gagne de nombreux prix de danse et est engagé ponctuellement pour des productions professionnelles.
De 18 à 21 ans, il est corps de ballet pour le Ballet de Stuttgart mais la danseuse étoile et directrice, Marcia Haydée, lui confie déjà des rôles de soliste prometteur. Il quitte néanmoins l’Europe pour apprendre auprès de Merce Cunningham à New York, où il brille dans sa compagnie entre 1991 et 1998, recevant un Bessie Award. C’est là qu’il se rebaptise Foofwa d’Imobilité dès 1995. Il interprète 13 créations et de nombreuses reprises du chorégraphe.
En 1998, il commence sa carrière de danseur-chorégraphe, depuis New York. En 1998, il revient à Genève pour créer une compagnie, Neopostist Ahrrrt et dés lors collabore et créé abondamment : il étudie le rapport entre danse et sport et crée la “Dancerun”, activité hybride entre course et danse sur plusieurs kilomètres (2003-2008), invente la ‘DANCEWALK’ en 2015 et parcourt près de 1000 kilomètres de danse lors de plus de 50 performances dans 36 régions du monde, seul ou en groupe, jusqu’en 2021. Il étudie également le rapport entre public et oeuvre chorégraphique dans The Making of Spectacles (2008) et Quai du Sujet (2007) ; le corps numérique dans Media Vice Versa (2002), Avatar dance series, Second Live series (vidéos) et BodyToys (2007) ; l’historicité du corps dansant dans Descendance (2000), Le Show (2001), MIMESIX (2005), Benjamin de Bouillis (2005), Musings (2009), Pina Jackson in Mercemoriam (2009) et Histoires Condansées (2011).
Il a reçu commande du Nederlands Dans Theater II, du Ballet de Berne, du Ballet Junior de Genève, en 2010 de la SACD et du Festival d’Avignon avec Au Contraire, en 2012 du Théâtre de la Fenice. Il a été soutenu annuellement par les pouvoirs publics genevois et suisses depuis 2002, a reçu la bourse de la Fondation Leenaards en 1999 et le prix de la prestigieuse Foundation for Contemporary Arts de New York en 2009. Il a gagné, entre autres, le Prix de Lausanne en 1987, le Bessie Award de New York en 1995 “en reconnaissance d’une réalisation créative exceptionnelle; pour l’innovation, la rapidité et la clarté de la danse qui ont galvanisé une remarquable compagnie de Cunningham”, le Prix Suisse de la danse et de la chorégraphie en 2006 parce que “Foofwa occupe une position charnière entre la tradition et l’avant-garde” et le Prix suisse de danse catégorie “danseur exceptionnel” en 2013: “Foofwa d’Imobilité nous met au défi et rompt avec les conventions. Son radicalisme artistique s’appuie sur l’exceptionnelle capacité technique qu’il a démontrée à maintes reprises en Suisse et à l’étranger”.
Entre 2015 et 2018, il mène en étroite collaboration avec Jonathan O’Hear le projet Utile/Inutile, une vaste entreprise centrée sur la création, la pédagogie, la médiation, l’historiographie et la relève chorégraphique: /Utile : Redonner Corps (2015), /Inutile : Don Austérité (2015-16), In/Utile : Incorporer (2017) & /Unitile (2018). Depuis 2018, il expérimente avec sa compagnie une nouvelle façon de créer et de tourner avec le projet GLocal (2018-2021) afin de produire et de diffuser ses oeuvres sur la base de valeurs éthiques et sociales. Ses oeuvres vont souvent à l’encontre du minimalisme contemporain. Elles sont plutôt “surmodernes”, au sens de Marc Augé, car en lien avec la surabondance d’informations de nos sociétés contemporaines. Ses pièces ou performances depuis 2014 se concentrent sur une pratique de l’«être-ici-présent» qui permet aux oeuvres d’être perméables à l’imprévisibilité, la spontanéité et l’authenticité.
Fin 2022, il dissout sa compagnie pour suivre un chemin artistique plus indépendant, créant uniquement depuis 2023 des projets dans l’espace public : PAS DE CÔTÉ, présence chorégraphique quasi quotidienne de plus de six mois auprès de la tombe de sa mère au Cimetière des Rois de Genève; OLGO, personnage costumé sillonnant les agglomérations suisses romandes combattant le climato-négationnisme par la poésie du mouvement et du verbe, entre autres. Il continue également en solo et de manière plus sauvage ses DANCEWALKS ; par exemple, il parcourt pour ses 54 ans, durant la nuit du 27 et 28 janvier 2024, les 54 kilomètres de la Marche conviviale de Paris-Versailles-Mantes en les dansant, un truc fou et probablement inédit-inouï.
(Genève 1969 – New York 1995)