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Installation d’archives images et sons parmi les objets de Beatriz Consuelo
6 – 16 juin
Dans le foyer du Pavillon ADC
lundi au vendredi de 9h30 à 17h30
les samedis et dimanches de 11h à 18h
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Les recherches au sein des archives du Fonds Consuelo de SAPA ainsi que les conversations avec des proches ou connaissances de l’artiste ont permis de mettre nouvellement en lumière certains aspects de la carrière de Beatriz Consuelo : des découvertes, des liens non encore établis, des documents jamais rendus publics. Avant tout, l’exposition est la première de la sorte à visibiliser l’extraordinaire matériel conservé par la danseuse étoile et pédagogue.
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Regards
Créations photographiques de Claude Gafner avec Beatriz Consuelo (1964-1968)
A partir du fonds Consuelo SAPA, consultation de Claude Gafner, retouches et impressions de Carlos Ferrao.
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L’oeil des coulisses
Archives originales en 8mm (1959-1966)
A partir du fonds Consuelo SAPA
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Enseignements
Enregistrements VHS des cours de Madame Consuelo (1978-1999)
A partir du fonds Consuelo SAPA
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Dialogues
Entretiens radio et privé avec albums souvenirs (circa 1987 & 2023)
A partir d’un prêt de Benjamin Chaix, du fonds Consuelo SAPA (photos retouchées et imprimées par Carlos Ferrao) et d’un enregistrement du fils de Beatriz Consuelo.
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Un mouvement
Originaux VHS et copies DVD des spectacles du Ballet Junior (1981-1999)
A partir du fonds Consuelo SAPA et des archives privées de Beatriz.
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Ava et Beatriz
Vidéo de lectures par Ava Isadora, 11 ans, petite-fille de Beatriz Consuelo, de la biographie de Benjamin Chaix (2024)
Avec l’aimable bénédiction de l’auteur de «Née sous une bonne étoile».
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Témoignages
Messages à Beatriz par certain*es qui l’ont connue (2024)
« Je suis très heureux de cette nomination car honorer la mémoire de cette femme artiste
qui s’est tant battue pour qu’un enseignement professionnel en danse soit reconnu à sa
juste valeur n’est que justice. Et il est important que son histoire soit connue : son intégrité,
sa ténacité, son travail, sa classe, sa sensibilité visionnaire.
A mes débuts de
photographe, j’ai eu tellement de chance d’avoir un modèle si photogénique, d’une
théâtralité intense, d’une présence quasi spirituelle : c’est elle qui m’a emmené vers ma
future profession, ne cessant de m’encourager. Ça me fait chaud au coeur de savoir que
les photos résultant de nos séances créatives soient réunies et vues à nouveau.
Même
chose pour les films en super 8 : il faut réaliser que le geste de Beatriz de placer son
trépied et sa petite caméra dans les coulisses du Ballet de Cuevas est exceptionnel : elle
a pressenti l’importance de capter ces moments de l’histoire de la danse en train de
s’écrire.»
Claude Gafner, danseur étoile et photographe – fonds photographique à la Bibliothèque Nationale de France, marié 16 ans à Beatriz Consuelo, père de leur enfant, Frédéric Gafner.
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Assistance audio et vidéo Nicolas Wagnières
Retouche et impression photos Carlos Ferrao
Collaboration photos Claude Gafner
Assistanat images et création albums Gabriel Bishop
Assistance logistique Sylouane Gafner
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La très grande majorité des documents présents émanent du fonds Consuelo de la Fondation SAPA – Archives suisses des arts de la scène
Production Association VIVRAR, avec le soutien du Pavillon ADC, de la Ville de Genève, d’une Fondation privée et de la Fluxum Fondation.
En partenariat avec SAPA – Archives suisses des arts de la scène, et en collaboration l’Imprimerie/Ballet Junior de Genève, les Archives du Grand Théâtre de Genève.
Changement de nom de la place à l’initiative de l’Agenda 21.
Remerciements Benjamin Chaix, Face-C, Studio 44 Coulou, la famille Duarte.
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Merci aux soutiens, partenariats et collaborations, pour ce projet qui a permis de partager ces documents.
Le projet Place Beatriz-CONSUELO et quelques centaines de francs réservés dans le budget ont permis d’initier la création d’un site dédié à l’héritage de Beatriz Consuelo qui donnerait, s’il se concrétise entièrement, une deuxième visibilité plus étendue et internationale aux archives présentées dans l’exposition, en plus de devenir potentiellement un lieu d’information sur sa vie et sa carrière. A suivre…
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Témoignages
J’ai proposé que l’on s’adresse à elle directement, à la manière de nos jours comme par un message vidéo envoyé sur une messagerie. Chacune chacun a décidé de faire à sa manière.
De ces témoignages se dégagent plein d’éléments. Mais j’ai compris par recoupage qu’une des dernières activités de Beatriz Consuelo après avoir fait la passation de son Ballet Junior a été de conseiller d’ancien*nes élèves devenus jeunes professeur*es elleux-mêmes. Lorsque celleux-ci venaient lui rendre visite, elle les formait informellement comment enseigner la danse, comment transmettre la passion du mouvement.
Ceci aussi est un narratif qui n’a pas encore été raconté à son sujet.
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Ava et Beatriz
Ava, n’a jamais connu sa grand-mère, Beatriz Consuelo étant morte 11 jours avant sa naissance. Tous ceux et celles qui ont connu Beatriz savent combien elle aimait les enfants : elle aurait très certainement adoré Ava.
La lecture du livre réunit enfin Beatriz et Ava dans l’espace-temps donné par cette vidéo. On y retrouve à l’écoute le biographe, Benjamin Chaix, chez lui et devant la table où il a écrit cette biographie ; on y retrouve à l’écoute le grand-père d’Ava et ex-mari de Beatriz, Claude Gafner (et son chien Genio) dans son verger de la maison en Gruyère que lui et ma mère avaient achetée dans les années 70. On se retrouve chez son ancien chez-elle pendant 40 ans à l’avenue de la Croisette, où désormais la famille Duarte y loge; on se retrouve dans l’atelier de Julie Delieutraz, créatrice costumes qui a accompagné le projet Place Beatriz-CONSUELO. On écoute Ava près de la tombe de Beatriz au cimetière des Rois, devant le Grand Théâtre de Genève, sur la nouvelle Place Beatriz-CONSUELO et son Pavillon de la danse, ces lieux habités de différentes manières par Beatriz; on retrouve Ava lisant à Beatriz en photo sa vie en mots.
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Un mouvement
Créations du Ballet Junior. Interviews de la Télévision suisse romande. Documents de répétitions.
Le Ballet Junior naît au moment où un petit groupe d’élèves de l’Ecole de danse de Genève de 11 à 13 ans, avec notamment 3 garçons, permet la constitution d’une mini-troupe. L’intention de Madame Consuelo est de rajouter quelque chose à l’enseignement normatif par les cours afin de préparer les jeunes au métier d’interprète en travaillant très tôt avec des créateur*ices.
A l’époque, il n’existe ni ballets juniors ni formation pré-professionnelle. Sans soutiens financiers pour soutenir un concept complètement inconnu des pouvoirs publics, Madame Consuelo invente un partenariat gagnant-gagnant. D’une part, elle propose à de jeunes chorégraphes aspirant*es – la plupart danseur*euses au Ballet du Grand Théâtre de Genève sous la direction d’Oscar Araïz – de s’essayer à la création chorégraphique avec ce groupe de tout jeunes. D’autre part, elle donne à ses élèves la possibilité de connaître ce qu’est créer avec des professionnel*les, interpréter ces pièces sur scène, et les tourner devant différents publics dans moultes situations.
Au tout début, le répertoire était constitué en grande partie des ballets de Madame Consuelo, d’inspiration néo-classique. Mais, étant très ouverts aux différents modes d’expressions chorégraphiques, les programmes du Ballet Junior deviennent de plus en plus sensibles aux courants contemporains.
Ce qui ressort le plus de ces extraits de spectacles du Ballet Junior, c’est un esprit pionnier, un élan, l’amour du mouvement, et l’essor de jeunes professionnels. A ce titre, le passage où l’on voit la préparation du spectacle d’un workshop – programme constitué de pièces créées par les jeunes danseur*euses – démontre le degré accru de responsabilisation des élèves de Madame Consuelo. A l’instar de son enseignement par lequel elle préserve leur personnalité, elle donne un cadre dans lequel chacune/chacun a la possibilité de se déployer pour trouver sa danse.
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Enseignements
Cours mixtes et cours garçons captés à l’Ecole de danse de Genève. Documents inédits.
Documenter des cours entiers n’est pas une pratique courante. Mais Madame Consuelo l’a fait pour plusieurs générations d’élèves de son école. Aujourd’hui à travers sa caméra VHS puis Super VHS, nous pouvons voir comment certains élèves devenus professionnels au niveau international apprenait la danse, nous pouvons voir comment les exercices (notés au demeurant sur de nombreux cahiers – voir station 4 dans les albums) se déployaient dans les corps, nous pouvons écouter les différentes pianistes de l’école.
Mais surtout nous pouvons admirer la personnalité de l’enseignement de Madame Consuelo : son énergie et son sens du mouvement ; ses démonstrations et ses accentuations; ses corrections et ses conseils ; ses célèbres «Mes amis….» et ses mémorables imitations ou caricatures des défauts d’élèves.
Autant de moments compilés de transmission que l’on peut également regarder comme de réelles petites performances d’une artiste retraitée de la scène.
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Dialogues
Avant le système des Compacts Disks, Beatriz Consuelo, comme tant d’autres personnes, utilisait les bandes magnétiques activées par un appareil Revox pour diffuser la musique lors de répétitions et parfois pour les cours.
«Plein Feu sur la danse», l’entretien d’Antoine Livio, journaliste, musicologue et critique de danse suisse né à Lausanne, provient d’une des mini-cassettes tapes sur lesquelles Beatriz Consuelo enregistrait des émissions radiophoniques et sur lesquelles on pouvait entendre parfois des déformations sonores que le numérique ne connaît plus.
La belle histoire que raconte Liliane Meyer, amie d’enfance de Beatriz retrouvée, a été enregistré avec mon iPhone lors d’un moment où nous consultions des photos de ma mère en 2023.
Les albums photos et souvenirs ont été arrangés par les soins de Gabriel Bishop.
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L’oeil des coulisses
Ballet du Marquis de Cuevas : La Belle au bois dormant dont le pas de deux de l’Oiseau bleu, Le Beau Danube, Gaîté parisienne, Les Sylphides, Arlequinade, Le Spectre de la rose, Casse-noisette, Corrida, Pas de quatre. Grand théâtre de Bordeaux : Don Quichotte. Grand théâtre de Genève : Don Quichotte, Petrouchka.
Certaines séquences représentent une documentation unique de ces spectacles qui n’étaient tout simplement jamais filmés. En effet, au milieu des années 50, on ne faisait pas de captation vidéo comme on le fait automatiquement pour chaque spectacle aujourd’hui.
Nous sommes donc en face d’une jeune danseuse, Beatriz, qui aime de temps en temps capter la réalité avec sa nouvelle caméra 8mm – c’est peut-être sa carrière avortée d’actrice de cinéma qui lui a donné ce goût de filmer la réalité – et qui donne sa caméra à ses collègues lorsqu’elle danse certains rôles.
Ces séquences complètent en quelque sorte ses carnets remplis de liste des tournées, des ballets dansés, des distributions pour chaque spectacle et même des notations des chorégraphies de ses rôles avec dessin à l’appui (voir station 4 – dans les albums). Ils captent ses prestations mais par la même occasion des moments de l’histoire de la danse en train de s’écrire, notamment lorsqu’elle danse le pas de deux de l’Oiseau bleu avec Rudolf Noureev en 1961 : c’est probablement le seul document filmé des premiers spectacles de ce monstre de la danse après sa défection de l’URSS.
La qualité surannée des images et le silence du 8mm confèrent un aspect fantomatique à ces danses. Y apparaît aussi pendant des respirations séquentielles entre les danses de la pellicule qui se donne à voir comme matière attaquée par le temps et l’usure.
Le point de vue est aussi à noter. A de rares occasions, la caméra est placée dans la salle lors de répétitions : dans une ‘baignoire’ c’est-à-dire la loge située au rez-de-chaussée entre la scène et le parterre ; ou au ‘poulailler’, dernier étage des balcons. Mais le reste du temps, la caméra se trouve en coulisse lors des spectacles car les saluts attestent de la présence du public. Nous transportant ainsi sur le même plancher que foulent ces étoiles dansantes, ce point de vue nous fait goûter de petits plaisirs inédits : un retour dans le temps entre voyeurisme – la danse classique ne doit pas se voir de ces points de vue – et privilège – qui ne rêve pas de voir un spectacle à deux mètres de la scène.
C’est la première fois que ces archives 8mm sont partagées avec le grand public.
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Regards
J’ai compris que ces séances étaient des moments de pure expérimentation et création. Claude achetait une nouvelle caméra, des nouveaux objectifs, un filtre spécial, curieux des nouvelles technologies; il peignait un fond ou proposait une thématique, et il essayait, expérimentait avec ses connaissances de novice mais déjà une grande maîtrise.
Et Beatriz se mettait en scène, se maquillait, proposait des habits ou costumes, des personnages et surtout apportait une nouvelle dimension, en posant merveilleusement bien, avec sa beauté plastique, son intensité théâtrale, son aura d’étoile, son regard, son âme. Mon père dit qu’il n’avait plus qu’à déclencher l’appareil.
Son témoignage raconte l’histoire d’un couple intensément amoureux dialoguant dans leur amour commun de l’image. De cette collaboration, des photographies uniques sont nées: ici un portrait blanc sur blanc qui remporte un prix – image qui se reconnaît d’entre mille -, là un portait de femme moderne aussi sfumato que la Joconde et d’une rare spiritualité ; là encore des poses de danseuse plus conventionnelles mais dont il ressort la révélation d’un esprit, d’une expression transcendant le diadème de la princesse ; là encore des clichés où le théâtral et le cinématographique s’expriment avec classe, simplicité et modernité.
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Regards
Le projet Place Beatriz-CONSUELO a permis à ce qu’un aspect de la vie de Beatriz Consuelo, apparaisse. Né d’une conversation avec mon père, Claude Gafner, danseur et photographe, au sujet du fonds Consuelo des Archives suisses des arts de la scène, ce narratif n’avait pas encore été raconté.
A la fin des années 60, alors que Beatriz Consuelo était au sommet de sa carrière d’étoile et que Claude Gafner transitionnait de la danse à la photographie de théâtre, mes parents, ce couple né sur scène, récemment marié et encore sans enfant, est devenu co-créateurice d’une série de photographies d’une rare qualité.
Ma mère avait pressenti le talent de son mari pour la photographie et dés lors l’encourageait à suivre sa nouvelle vocation. Elle-même savait l’importance d’une image, de sa trace dans l’histoire, ayant acheté une décennie auparavant sa caméra 8mm et filmé des coulisses certains moments historiques du Ballet du Marquis de Cuevas. Elle avait vu juste puisque la Bibliothèque Nationale de France a désormais fait l’acquisition près de 900 photographies de théâtre et de danse de Claude Gafner.
Lors de séances photo en studio improvisé dans leurs divers logements ou studios de danse, ma mère a joué le jeu du modèle mais un modèle que mon père décrit comme plus que muse, plus que compagne, plus que co-créatrice, ou tout cela à la fois.
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CONSTALLATION
Une constellation de réminiscences de ce vrai lieu immatériel, la danse
« RIEN / N’AURA EU LIEU / QUE LE LIEU /
EXCEPTÉ / PEUT-ÊTRE / UNE CONSTELLATION » (Stéphane Mallarmé)
et une installation pour que ce qui est encore muet parle, sourd réponde, aveugle
guide, mort revive…
« O livro é um mudo que fala, um surdo que responde, um cego que guia, um morto que
vive. » (Padre Antônio Vieira)
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Ava Isadora au Vernissage
Avec sa grand-mère maternelle aux côtés de sa grand-mère paternelle célébrée
Ava filmée par Violaine, sa grand-mère
Cette biographie de la grand-mère absente, Beatriz, lue par la petite-fille qu’elle n’a jamais rencontrée
Absence jusqu’à
Une rencontre de présences aujourd’hui
Note: Deux dernières photos de Marthe Krummenacher, merci !
Voir aussi
https://www.congresamp2014.com/it/Trozos-de-real_Textos.php?file=Uterus-piece-dinterieur_Violaine-Clement.html