pif paf pouf
t’as beau avoir dévoué ta vie à la danse
avoir créé du beau du bon du ballet
défendu des causes à travers ton engagement artistique
participé à la défense de ton métier
soutenu et aidé plein de gens
pouf pif paf
quelque murmure dans l’oreille sociale
que cela soit vrai ou non
en quelques instants
ta carrière et ta vie te font ciao à jamais
paf pouf pif
Plus de désir de danser
L’apathie comme la léthargie ressentie face au deuil
T’accompagne jour après jour
Lever un doigt est le digne effort d’un haltérophile
la peine de mort sociale est totalement admise
c’est assez drôle
de penser qu’la condamnation à mort
ou la peine à perpétuité
c’est désormais normal
dès qu’t’es suspect
à tord ou à raison
ta peine
c’est perpèt’
ça fait 1500 jours que je me réveille
le corps à sept doulheures du matin
l’opprobre dans les yeux à la place du soleil
ces muscles qui dans les airs t’ont autrefois élevé
tout ce qu’ils ont pu de haut de bon de beau faire
devenus poussière de honte
endoloris du cruel regard flétrire
.
.
.
balayé en un coup de délation
aboli pour l’éternité
je sors de chez moi
la boule sans facettes au ventre
je ferme à clé mon être
je descends les escaliers de la société
le suicide
est la porte
d’une vie détruite
par la rumeur grinçante
et la diffamation dégondée
porte de sortie ?
non faut pas
faux-pas non malgré
chaque regard est un doigt d’honneur dans l’oeil
la mort sociale me croise
avec sa faux-semblant
je passe le pontage de mon coeur atrophié
le suicide social
avec son bras d’honni
dans l’âme
Carnet de notes : Un, personne et cent mille :
p. 123 « Il n’est plus d’univers pour moi : je ne puis rien savoir du leur, celui dans lequel ils font semblant d’exister. »
p. 229 « Que ce ne soit pas la vérité pour nous, les autres n’en ont cure, du moment que c’est vrai pour eux. »
p. ??? « Pourquoi, lorsqu’on songe à se tuer, s’imagine-t-on mort, non plus pour soi, mais pour les autres ? À cette question, mon tourment affleura de nouveau à la surface de mes pensées, comme un cadavre de noyé, gonflé et livide. »
tttt
Ta vie se retrouve sans dessus dessous
Traumatisé
T’es sonné toute la journée
Tous les jours
Tout te prend un temps fou
Tu perds la mémoire
Tu deviens susceptible
T’es hypersensible
Tu commences à faire chier tout le monde
Tu perds la mémoire
Tu te répètes comme un sénile
Tues tout toi ça ira mieux
c’est comme si un maléfique génie
s’insinue dans chaque petite brèche de ta vie
force transformant tout en gouffre
inéluctablement de plus en plus gouffron
jusqu’à la rupture
c’est assez dingue
deux trois quatre ans plus tard
tu as tout perdu
même ta capacité à comprendre
comment cela a-t-il pu t’arriver
…
ne demeure que la pirouette de la disparition
l’ostracisme est pire qu’un cancer
le cancer est une attaque
à la régulière du sort
je le sais d’expérience
mais l’injuste opprobre
est un poison inoculé
jour après jour
chaque connaissance
en a la recette et la seringue
le poison s’infiltre dans tous les recoins de ton être
détruit toute certitude
élimine toute dignité
et fait de toi l’épave de toi-même
Carnet de notes : Paraphrases Loup des Steppes :
Tout n’avait-il pas volé en éclats ; tout n’avait-il pas perdu son sens ? Je n’attends plus rien, je n’espère plus rien. Vide : les journées se succèdent, aussi grises et insignifiantes les unes que les autres plongées dans une atmosphère de silence et d’engourdissement total. Je me rends compte de cette tension insupportable entre mon incapacité à vivre et mon incapacité à mourir. Vivons-nous pour faire disparaître la mort ? Non, nous vivons pour la craindre puis pour l’aimer à nouveau. Et je me dis : « Il faut que quelqu’un me pousse à l’eau, puis me ramène à la vie. Tu exécuteras mon ordre : tu me tueras. »